La BCE en a-t-elle terminé avec les augmentations de ses taux d'intérêt ?
Retrouvez l'analyse de notre société de gestion partenaire, Sienna Gestion.
Le 14 septembre dernier la Banque centrale européenne (BCE) a procédé à une nouvelle hausse de 0,25% de son principal taux directeur, pour le positionner à 4%, le ramenant à son plus haut niveau depuis 1999. Après cette dixième hausse d'affilée depuis juillet 2022, le communiqué final de la BCE ouvre la porte à une « pause » : le resserrement monétaire pourrait toucher à sa fin.
La banque estime que les taux sont désormais à des niveaux qui apporteront « une contribution substantielle » à la baisse de l'inflation tout en ajoutant que pour faire encore reculer les prix, il faudra que les taux soient maintenus à leur haut niveau actuel « pendant une durée suffisamment longue ». Désormais, le débat entre les membres de la BCE se concentrera donc sur « la durée du probable plateau » atteint par les taux. La BCE en a profité aussi pour relever ses prévisions d'inflation pour les années 2023 (5,6% en rythme annuel) et 2024 (3,2%), en raison de l'impact de la récente hausse des prix de l'énergie, mais l'a abaissée à 2,1% en 2025, tout près de son objectif à moyen terme de 2,0%. Elle a actualisé ses prévisions de croissance pour la zone euro. Celle-ci devrait atteindre +0,7% (en rythme annuel) en 2023, contre +0,9% attendu auparavant, puis +1,0% en 2024 et +1,5% en 2025.
L’analyse du gérant
Les signes de transmission de la politique monétaire sur l'économie se multiplient. Les estimations d’inflation pour la zone euro publiées récemment vont dans ce sens. Le taux d'inflation totale dans la zone euro a chuté à 4.3% (en rythme annuel) en septembre 2023 (contre 5.2% en août et 4.5% attendu par le consensus des économistes) atteignant son niveau le plus bas depuis octobre 2021. L’inflation sous-jacente (ex-énergie et alimentation) est passée de 5.3% en août à 4.5% (vs 4.8% attendu), marquant son plus bas niveau depuis août 2022. La hausse des taux d’intérêt de la BCE est donc efficace, l'inflation baisse depuis plusieurs mois.
Nous pensons que le cycle de hausse des taux d'intérêt de la BCE est arrivé à son terme car l'inflation dans la zone euro recule à un rythme plus rapide que durant sa phase d'ascension. Après la hausse de taux la plus rapide de l’histoire, les conditions de financement de l’économie se sont tendues, la hausse des taux directeurs de la Banque centrale européenne a, comme attendu, renchéri le coût du crédit, dégradant la situation économique avec des conséquences fortes notamment sur l'activité immobilière. Nous prévoyons un ralentissement significatif de l'inflation en zone euro dans les 9 prochains mois avec probablement une première baisse de taux en juin 2024 en lien avec un objectif d’inflation banque centrale atteint à ce moment-là.
Le scénario de Sienna Gestion
Concernant notre scénario de gestion, nous pensons que le risque récessif immédiat est assez faible au niveau mondial compte tenu d’un marché du travail résilient (taux de chômage mondial reste sous son niveau pré-Covid), du surplus d’épargne des ménages, de la résistance de la profitabilité des entreprises et de l’absence de déséquilibre majeur au niveau macro-financier (endettement des ménages et entreprises, immobilier, secteur bancaire), sans oublier la moindre dégradation des conditions financières (fin de cycle de hausse des taux des banques centrales), l’effet expansif des stratégies industrielles aux Etats-Unis et dans l’Union Européenne (IRA (inflation Reduction Act); Next Génération EU…) et le redémarrage de la politique économique expansive de la Chine. La désinflation qui va s’amplifier dans les prochains trimestres devrait permettre au revenu réel des ménages de rester en territoire positif et de soutenir la demande.
Pour les marchés monétaire et obligataire
Le placement monétaire retrouve une rémunération positive avec une faible volatilité compte tenu de la hausse des taux de la Banque centrale européenne.
Pour les obligations, le potentiel supplémentaire de remontée des taux d’intérêt à long terme nous apparaît dorénavant limité compte tenu de la fin du cycle de remontée des taux des banques centrales et du ralentissement graduel des pressions inflationnistes un peu partout dans le monde. Nous pensons que les niveaux actuellement élevés des taux souverains, surtout américains, ne sont pas durables. Une légère baisse des taux par rapport à ces niveaux pourrait apporter un surcroît de performance à la classe d’actif.
Pour les marchés actions
Après la récente correction des marchés actions notamment européens, les valorisations redeviennent attractives. Nous restons à ce stade convaincu de la capacité d’un rebond des indices actions européens, en parallèle d’un repli significatif des taux réels. Au-delà de cela, le potentiel de remontée des indices actions dépendra des publications de résultats des entreprises pour le 3e trimestre 2023 et de l’évolution de la situation au Proche-Orient.